samedi 26 février 2011

LETTRE D’UN RETRAITE DEPLACE D’ABOBO AU GENERAL MANGOU

Mon fils Mangou
Je suis instituteur à la retraite depuis 1999.

Partout où j’ai exercé, j’ai défendu corps et âme le FPI. J’ai même été séquestré à Téhini en 1998 pour mon militantisme au FPI. J’ai accepté cette séquestration malgré mon âgé avancé et  avec mes maigres moyens, j’ai parcouru les localités de Téhini, Nassian et Doropo pour défendre la cause de Laurent GBAGBO aux villageois. Dieu merci en 2000, il est venu au pouvoir.


En novembre 2010 dernier, malgré mon état de santé, je me suis levé très tôt le matin pour participer au vote comme tout citoyen ivoirien. J’ai estimé que ma voix était utile pour notre leader Laurent GBAGBO.
Depuis l’annonce des résultats et avec tout ce qui a suivi, je passe des nuits blanches, mon état de santé se dégrade davantage.
A Abobo où je vivais mes vieux jours jusque là dans ma maison de retraite, je passais la journée avec mes voisins à échanger sur l’actualité politique et souvent sur les passages de la bible. Je suis chrétien catholique.
Avec ce que j’ai entendu et vu à Abobo non loin de chez moi, j’ai décidé de quitter cette commune qui est devenue inhabitable. Je suis avec ma famille chez un de mes enfants, situation oblige et c’est un cri de cœur que je te lance.
J’ai suivi avec attention tout se qui se passe actuellement dans notre pays, j’ai lu beaucoup, analysé la situation, observé les faits et gestes de chaque acteur et j’ai compris malgré moi que mon fils Laurent Gbagbo a perdu les élections passées. Jusque là, je ne pouvais pas comme mes camarades du FPI l’accepter.
Tu sais, mon fils Philippe,
Un homme politique français du nom de Michel Lenoir disait en 1987 : « Il vaut mieux perdre les élections que de perdre son âme » et ayant médité sur cette pensée, je me permets de t’écrire cette lettre pour attirer ton attention sur certains faits car je pense que ton rôle aujourd’hui est de convaincre ton frère Gbagbo pour qu’il accepte la situation. Je pense qu’il a perdu son âme.
Dans ce combat qu’il mène, où sont passés ses hommes de main ? Pourquoi ne les entend-t-on pas ? Où sont passés AMANI N’GUESSAN Michel, MAMADOU Coulibaly… et même Paul YAO N’DRE ? Pour ne citer que ceux-là. Je suis maintenant convaincu que ceux-ci  savent tout comme toi, que GBAGBO a perdu les élections. « Dieu ne laisse jamais ses enfants » et s’il était dans le droit chemin, le temps lui aurait donné raison. Le « temps est l’autre nom de Dieu » ne dit-on pas. Plus les jours passent, plus il est humilié, livré à lui-même et perd ses forces. Jusqu’à quand va-t-il se battre et se débattre ? Tout s’effrite autour de lui, ne vois-tu pas. Dieu n’abandonne pas ses enfants quand ils sont dans le droit chemin. En lui disant la vérité de Dieu, tu restes de son coté et tu l’aides à ne pas souffrir. Je sens qu’il souffre dans sa chair et qu’il a mal.
Si tu braves toutes les difficultés pour le rencontrer et le ramener à la raison, l’histoire de la Côte d’Ivoire retiendra en lettres d’or qu’à un moment de convulsion de notre jeune démocratie, tu as posé un acte qui aura sauvé la Nation. En ce moment, tu mériteras pleinement tes étoiles qui brillent encore.
Mon fils, la Côte d’Ivoire ne sera pas détruite par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. J’ai entendu les bruits d’armes lourdes à Abobo, vu les corps jonchés les rues. Toi, tu n’es pas encore venu voir de tes propres yeux, mais saches que c’est insoutenable.
Ton parti pris conduit progressivement ce beau pays au chaos. Pendant qu’il est encore temps, tu dois prendre tes responsabilités et dire à ton frère que ça suffit car les familles se meurent. Ceux qu’on tue à longueur de journée ne sont pas tous RHDP et même s’ils l’étaient, sont des Ivoiriens, des ivoiriens frères de ceux du camp LMP.
La tenue militaire que tu portes te demande beaucoup de discernement et  ton métier de soldat ne te permet pas d’être au service d’une personne mais d’une nation.
Tu as le devoir de protéger la nation ivoirienne et son peuple. Le sang des ivoiriens a trop coulé. Tu le sais et tu dois te ressaisir.
Les hommes sur qui tes éléments tirent ne sont-ils pas aussi des êtres humains? En quoi le “pouvoir” de Laurent Gbagbo est-il supérieur à la vie des Ivoiriens que les hommes sous tes ordres assassinent tous les jours?
Que défends-tu ? Le maintien de ton frère au pouvoir malgré sa défaite ou le peuple de côte d’Ivoire qui a porté son choix sur notre adversaire ? Et puis tes éléments qui tombent chaque jour au cours des affrontements est un signal de Dieu. Cette défaite quotidienne est le signe qu’ils ne sont pas dans la vérité sinon, Dieu les aurait protégé et affaibli l’ennemi.
Mon fils, plusieurs personnes t’ont lancé des appels à la raison. Tu es resté muet. Au plus profond de toi, tu sais que ces appels sont justes.
A cause de ton parti pris pour le mensonge, ta foi chrétienne a pris un coup : Dieu est vérité.
Je te rappelle qu’un militaire ne fait pas la politique. Sinon il devient dangereux (excuse-moi pour ces mots forts qui traduisent mon état d’esprit).
Mon fils Philippe, soit lucide et courageux. Arrête de soutenir le mensonge et demande à ton frère Laurent Gbagbo de s’en aller pour le bien des Ivoiriens. S’il ne veut pas, oblige-le. Il pourra revenir dans 5 ans et nous serons toujours derrière lui.
 
Un instituteur à la retraite
Ex-domicilié à Abobo

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