jeudi 17 février 2011

Eugène Aka Aouélé, partisan d'Alassane Ouattara, les sanctions anti-Gbagbo vont finir par payer.

« Pas de scission »

Pour l'ex-ministre Eugène Aka Aouélé, partisan d'Alassane Ouattara, les sanctions anti-Gbagbo vont finir par payer.

 Eugène Aka Aouélé, de passage dans les Landes.  photo Philippe Salvat

Eugène Aka Aouélé, de passage dans les Landes. PHOTO PHILIPPE SALVAT

 
 
Ancien ministre de la Santé et de l'Hygiène publique du gouvernement d'ouverture de Laurent Gbagbo, Eugène Aka Aouélé porte aujourd'hui officiellement la parole d'Alassane Ouattara, président ivoirien démocratiquement élu en décembre. Exfiltré de l'hôtel du Golf, où il était réfugié depuis deux mois, il se trouvait à Bruxelles pour des entrevues auprès de l'Union européenne, avant de faire escale, ces jours-ci, à Labenne, dans le sud des Landes, chez des amis.
« Sud Ouest ». Occultée par les événements de Tunisie et d'Égypte, la Côte d'Ivoire a quitté le devant de l'actualité. Avez-vous le sentiment d'avoir été oubliés ?
Eugène Aka Aouélé. Je ne pense pas. Ici, il y a eu des élections, la population a voté. Ailleurs, il s'agissait essentiellement de ce qu'on a appelé des révolutions. Ici, nous sommes en plein dans la démocratie. Je ne pense pas qu'on puisse oublier celui qui a gagné. Et puis, des sanctions sont en cours.
Comment se traduisent-elles ?
On commence déjà à en sentir les effets. Aujourd'hui, par exemple, on ne peut pas exporter le cacao ivoirien vers les clients traditionnels comme les pays d'Europe. La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a retiré à Laurent Gbagbo sa signature. Aujourd'hui, même si le monde extérieur est beaucoup plus focalisé sur la Tunisie, l'Égypte - et peut-être demain ailleurs -, sur le plan intérieur les choses évoluent. Ainsi, trois banques importantes ont fermé en Côte d'Ivoire. Y sont domiciliés près de 80 % des comptes des fonctionnaires : à la fin du mois, il sera difficile de les payer.
Le recours à la force est toujours une éventualité ?
La force peut demeurer une éventualité si les différentes missions en cours (comme la nouvelle médiation de l'Union africaine, NDLR) ne donnent pas de résultats. Mais il faut imaginer la force d'abord à l'intérieur. Il faut que, dans le pays lui-même, il y ait une bonne compréhension de la situation. Voyez ce qui s'est passé en Égypte et en Tunisie. En réalité, un dictateur ne tient que s'il bénéficie du soutien de l'armée. Il suffit que, demain, l'armée comprenne qu'il est de l'intérêt de la Côte d'Ivoire de faire valoir la légitimité, et les choses peuvent basculer. Il y a quelque temps, on ne pensait pas que les banques allaient fermer. C'est une arme financière. Et l'arme militaire peut aussi venir de l'intérieur.
Le fait qu'Alassane Ouattara soit perçu comme le candidat pro-américain et Gbagbo comme celui d'une certaine influence française est-il un élément de la crise ?
On oublie les raisons profondes de cette crise. Le président sortant a été élu depuis 2000, son mandat est arrivé à expiration en 2005, et il a fallu attendre 2010 pour organiser les élections. Il a donc bénéficié d'un mandat gratuit. Il ne faut pas perdre cela de vue. L'Amérique, la France et l'Europe n'ont rien à voir avec cela. En 2010, ce sont les Ivoiriens qui ont voté. Pas la France, ni l'Amérique. Le débat est simple : il y a eu des élections, il y a un gagnant, et personne n'a voté à la place des électeurs ivoiriens.
Craignez-vous une scission de la Côte d'Ivoire ?
Personne ne l'envisage. Que ce soit dans le camp Gbagbo ou dans celui de Ouatarra. La Côte d'Ivoire demeurera une et indivisible.




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