mardi 15 février 2011

Emergence démocratique en Tunisie et en Egypte, arbitraire en Côte d’Ivoire?

Alors que la Tunisie et l'Egypte sont en pleine transition politique et doivent encore concrétiser le changement, l’évolution démocratique de la Côte d’Ivoire est déterminante pour tout le continent africain.

Écrit par
Michel-Henry Bouchet
Michel-Henry Bouchet


Pour un régime corrompu, le pouvoir est une rente. Les despotes pillent sans vergogne les ressources de leur pays et récompensent leurs affidés en partageant les prébendes. Ils font taire la dissidence par la prison et la torture ; ils font régner délation et terreur. En cercles concentriques, les clans de soutien aux prédateurs publics intègrent les milieux industriels, commerciaux et financiers qui font affaires en fermant les yeux, tout comme les gouvernements étrangers qui préfèrent encore la stabilité, fut-elle adossée à la répression, à l’inconnu du « choc des civilisations ».
Mais en Tunisie hier, en Egypte sans doute demain, la révolte populaire a eu raison de dictatures que l’on croyait indéracinables. Elle illustre les rendements décroissants de la répression. Un mélange d’audace et de désespoir a renversé des régimes minés par l’arbitraire. La jeunesse du Maghreb montre qu’il n’y a pas de fatalité à l’oppression. Sans aucune de ces médiations sociales qui constituent autant de contre-pouvoirs, partis, syndicats, associations… les jeunes sans emploi ni avenir ont reconstruit un futur pour leur pays.
Que se passe-t-il alors en Côte d’Ivoire ? L’indignation internationale face au coup d’état de Laurent Gbagbo qui refuse le verdict des urnes et qui use de tous les moyens répressifs pour maintenir son clan au pouvoir est retombée, ou plutôt elle a rebondi au nord de l’Afrique, sur les régimes de Ben Ali, Moubarak et Bouteflika. Dure loi de l’actualité qui reporte à l’arrière-plan le scandale d’hier ! Combien de morts faut-il alors pour réveiller la « conscience internationale » et lui rappeler qu’un despote continue à sévir à Abidjan ?
A la suite du coup d’Etat de décembre 1999, Laurent Gbagbo gagnait des élections très contestées, en usant de tous les moyens pour éliminer son principal rival. Des élections maintes fois reportées lui ont permis de gagner du temps et de consolider son pouvoir, face à une opposition divisée et à une opinion internationale trop passive. Aujourd’hui, un véritable putsch au lendemain des élections présidentielles de décembre 2010 confirme la confiscation du pouvoir par un clan aux dépens d’une population harassée par dix ans d’arbitraire.
La Côte d’Ivoire a reculé sur presque tous les fronts. Le caractère structurel de la corruption est illustré par son classement international qui a chuté de moitié entre 2002 et 2010, passant de 71° à 146, pire que le Zimbabwe. Les dépôts privés ivoiriens expatriés dans les banques internationales atteignent plus d’1,1 milliard de dollars, autant que toutes les créances des banques sur le pays, un ratio que seuls quelques pays en déshérence politique et économique connaissent. Les flux d’investissement direct étranger stagnent depuis dix ans au niveau que l’île Maurice vient de dépasser. Le revenu par tête est d’à peine €3/jour avec des écarts de richesse considérables. Au total, l’indice de développement humain de l’ONU a reculé dans les tous derniers rangs, avec une espérance de vie de 58 ans, pratiquement à son niveau de 1980.
La Côte d’Ivoire a donc perdu une décennie de développement. Cela n’a rien à voir avec les méfaits de «la globalisation ». Le prix des matières premières exportées a été très favorable. Celui du cacao a quadruplé pendant la décennie Gbagbo ! Le pays n’a pas su, d’ailleurs, diversifier ses exportations pour diminuer la dépendance des matières premières, trop souvent exportées sans valeur ajoutée. Le cacao représente 30% des recettes annuelles du pays même si les planteurs ne reçoivent que moins de la moitié du prix du marché, selon le FMI.  La Côte d’Ivoire a aussi bénéficié du soutien exceptionnel des créanciers du Club de Paris qui, avec une myopie complaisante, lui ont accordé une réduction de dette en mai 2009 réservée aux seuls pays les plus performants.
En vérité, la raison profonde du marasme ivoirien tient plus à la corruption qu’à l’incompétence. Le clan au pouvoir parasite le pays et empêche toute redistribution équitable. Ceci n’est pas nouveau en Afrique sub-saharienne, à part quelques exceptions notables, tels le Botswana, Maurice, Cap Vert, Afrique du Sud, Namibie et Ghana, qui prouvent bien qu’il n’y a pas de « fatalité africaine ». Le régime ivoirien représente en 2011 «l’ancienne Afrique », avec un mélange caricatural de cynisme et de mépris du droit, le dos tourné à un développement durable. Pour que la Côte d’Ivoire se relève enfin, il faut que la communauté internationale fasse preuve de la même exigence envers Abidjan qu’elle ne l’a fait en encourageant l’entrée du Maghreb dans la démocratie. Ce qui se joue aujourd’hui en Côte d’Ivoire est crucial pour l’avenir de toute future élection en Afrique. Une victoire du droit en Tunisie et en Egypte ne compensera jamais celle de l’arbitraire en Côte d’Ivoire.
http://lecercle.lesechos.fr/node/33417

2 commentaires:

  1. Beugré Christelle15 février 2011 à 10:35

    J'aimais GBAGBO parce que je suis bété... Mais je pense qu'il est temps qu'on arrête ça. Koudou m'a déçu par son bracage à la BCEAO. Un président qui vole, qui ment, qui tue... même si c'est mon parent je peux pas le suivre. Il est temps qu'il dégage !

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  2. eeeeeeeeh ma soeur, tu as quoi, enin vraiment ti deconnes,ti deconnes hein, tu veux devenir rebelles ?. LAVES UN PEU TON VISAGE AVEC DE L'EAU POUR VOIR CLAIR, si c 'est l"argent qui te faire raconter des conneries comme cela prends mais ne parle plus, pardon ne parle plus. TI DECONNES HEIN???????

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