dimanche 13 mars 2011

Gbagbo joue son va-tout à l'arme lourde

Laurent Gbagbo ne veut toujours pas céder son fauteuil. Bien au contraire. Samedi matin, ses troupes sont passées à l'offensive à Abobo, un quartier du nord d'Abidjan acquis à son rival Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. 


Appuyés par des blindés et deux hélicoptères, équipés de lance-roquettes RPG, ses fidèles ont attaqué Abobo durant plusieurs heures pour, affirment-ils, y rétablir l'ordre et ramener la paix totale.

Quartier le plus peuplé d'Abidjan, ville dans la ville peuplée d'1,5 million d'habitants, Abobo est devenu l'épicentre de la crise en Côte d'Ivoire. En milieu de soirée, les tirs d'arme lourde entendu dans la journée ont cessé. Aucun bilan des victimes n'était disponible.  Le camp Ouattara a qualifié cette opération - la première d'envergure depuis le début de la crise post-électorale fin novembre - «d'offensive du désespoir» du pouvoir. Pour Patrick Achi, porte-parole du gouvernement, Gbagbo et ses partisans de Gbagbo sont «acculés, le dos au mur. Il ne leur reste que le spectre de la guerre civile, de susciter la terreur». Il a ajouté : «A un kilomètre de distance (d'Abobo), ils tirent des obus, à l'aveugle, qui tombent sur des maisons de civils. La majorité des tués sont des civils innocents, ce ne sont pas des affrontements militaires contre militaires».

Une attaque déclenchée deux jours après le sommet de l'Union africaine

L'objectif avoué des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Gbagbo était de «débarrasser Abobo des terroristes». Une source à l'état-major ajoutait: «Ca passe ou ça casse». Cette brutale dégradation de la situation est intervenue deux jours après un sommet de l'Union africaine, à Addis Abeba (Ethiopie), qui a reconnu le président élu Alassane Ouattara, dont c'était la première sortie officielle depuis trois mois. Une position que le camp Gbagbo a catégoriquement rejetée.

Samedi soir, le président sortant Laurent Gbagbo a appelé «toute la population à rester calme», annoncant qu'il «s'adressera bientôt à toute la Nation». Le président sortant a tenu «à rassurer la population quant à l'issue certaine de cette crise post-électorale», selon un communiqué lu à la télévision ivoirienne.

Un soldat de l'ONU blessé

Par ailleurs, un Ghanéen de la mission de l'ONU a été blessé samedi à Abidjan dans l'attaque d'un véhicule civil de l'Onuci. Plusieurs témoins ont identifié les agresseurs comme des jeunes pro-Gbagbo. Pendant ce temps, Alassane Ouattara enchaînait les rencontres avec ses alliés régionaux. Après le Nigeria et le Burkina, il est attendu au Sénégal.

Laurent Gbagbo refuse de quitter la présidence de la Côte d'Ivoire depuis l'élection contestée du 28 novembre remportée, selon des résultats certifiés par les Nations unies, par Alassane Ouattara. Les appels de l'Onu comme les médiations de l'Union africaine ont échoué. Depuis, la violence a gagné le pays entre les partisans de Ouattara et ceux de Gbagbo, faisant des centaines de morts et plus d'un demi-million de personnes ayant fui le pays, selon l'ONU. 
LeParisien.fr

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