samedi 19 mars 2011

Le commando invisible à 4 km du Palais Présidentiel?

Côte d’Ivoire, Après l’attaque du marché d’Attécoubé, le camp Gbagbo tremble : Le commando invisible à 4 km du Palais Présidentiel


Perché sur une colline que quatre kilomètres seulement séparent du palais présidentiel d’Abidjan, le marché d’Attécoubé n’est plus qu’une vaste carcasse fumante. 
Mercredi, des inconnus y ont mis le feu après que la population locale se fut attaquée au commissariat du Xe arrondissement, situé de l’autre côté de la rue. Peu auparavant, selon plusieurs témoins, les Forces de défense et de sécurité, loyales (FDS) au président Gbagbo, avaient ratissé le quartier et utilisé leurs armes contre la population.

«Les jeunes ont voulu résister», commente sobrement Yaya Balo, la main droite encore crispée sur son couteau de cuisine. Selon un mécanisme invariable, en vertu duquel répression militaire et résistance armée s’alimentent mutuellement, l’insurrection qui embrase Abobo depuis plus de deux mois se propage ces derniers jours à plusieurs quartiers d’Abidjan.
Quotidiennement, les incursions violentes de soldats et de miliciens pro-Gbagbo dans des zones favorables au président élu, Alassane Ouattara, suscitent des répliques du Commando invisible. Lequel, désormais, n’hésite plus à porter le fer contre les principales casernes des FDS ainsi que contre les barrages tenus par des jeunes patriotes. Quatre d’entre eux, apparemment soupçonnés d’avoir agressé le matin même deux militantes pro-Ouattara, ont ainsi été tués par balles mardi après-midi. De leur côté, militaires et miliciens pro-Gbagbo multiplient les opérations de «ratissage» dans les quartiers où vivent des populations originaires du nord de la Côte d’Ivoire ou des pays voisins. Ces derniers jours, une concession où résident des ressortissants burkinabés a ainsi été touchée par un obus aux Deux-Plateaux tandis que plusieurs maisons auraient, selon plusieurs témoins, été brûlées à Port-Bouët 2. Ce jeudi, peu avant midi, des obus tirés, selon plusieurs témoins, depuis une enceinte militaire, ont en outre fait au moins douze morts à Abobo.
«Armée de fortune»

Face au harcèlement des FDS, le Commando invisible, composé à l’origine de volontaires ayant pour seul objectif de restaurer la sécurité à Abobo, a depuis reçu le soutien de combattants plus expérimentés. Certains sont issus de l’armée régulière, d’autres viendraient des Forces nouvelles. Au fil des combats, mais aussi grâce à «des personnes de bonne volonté», ils semblent avoir récupéré suffisamment d’armes et de matériel pour opérer des incursions efficaces en territoire ennemi. «Nous pensons que cette armée de fortune, organisée autour de plusieurs réseaux qui ne sont pas forcément tous d’accord entre eux, compte aujourd’hui entre 1000 et 1500 hommes, confie un expert militaire européen, qui ajoute Ils n’ont probablement pas les moyens de faire tomber Gbagbo, mais on sent bien qu’ils parviennent, à la longue, à faire douter l’adversaire.»
Toujours retranchés à l’hôtel du Golf, Alassane Ouattara et son entourage se gardent bien à ce stade de revendiquer la paternité du Commando invisible. Depuis sa prestation de serment, le 4 décembre dernier, le président ivoirien cultive en effet cette image d’homme de paix qui lui réussit si bien auprès de la communauté internationale. Le moment venu, en outre, il n’est pas totalement certain qu’«ADO» soit en mesure de contrôler l’ensemble des factions qui ont pris les armes à Abobo.
«Il ne faut pas donner trop d’importance à ce Commando invisible», balaie le porte-parole du gouvernement, Patrick Achi, qui réfute tout lien avec la structure clandestine. Selon lui, l’option militaire n’est pourtant pas exclue si Laurent Gbagbo refuse de céder son siège présidentiel. «Deux options s’ouvriront alors à nous, précise-t-il. D’une part, l’Union africaine n’a pas exclu que la force d’intervention ECOMOG, qui a déjà préparé un plan pour prendre Abidjan, puisse être chargée d’intervenir. D’autre part, nous pouvons désormais compter sur les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, qui viennent d’être officiellement créées par le président Ouattara.»
Cyrille Louis Lefigaro.fr

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