vendredi 11 mars 2011

Gbagbo, merci pour le chocolat!

Ça ne peut plus durer, pourtant ça dure ! Comme les fèves de cacao qui pourrissent sur les quais de San Pedro et d'Abidjan frappés d'embargo, le conflit ivoirien sent de plus en plus mauvais. Née du refus de Laurent Gbagbo de s'effacer après sa nette défaite dans les urnes, la décomposition a franchi le 3 mars un nouveau cap avec le massacre des femmes d'Abobo.

Accusé d'avoir fait tirer sur des « mamans » sans défense, ce dont il se défend sans convaincre, le « boulanger d'Abidjan » n'en finit plus de plonger dans le pétrin son pays épuisé. Et voilà que Gbagbo s'improvise chocolatier en réquisitionnant le cacao. Après le cambriolage des caisses de la Banque centrale ouest-africaine, ce nouveau pied de nez à a la communauté des nations va-t-il lui permettre d'échapper encore à la strangulation économique des sanctions internationales et financer sa fuite en avant ? Jour après jour, le perdant du 28 novembre prouve qu'il est un coriace. 

Cuirassé par des années d'opposition, poussé par un clan que dix ans de prébendes n'ont pas repu, fanatisé par l'évangélisme militant de sa « dame de fer » Simone, Laurent Gbagbo n'a plus qu'un mot d'ordre : « J'y suis, j'y reste ! »
Hanté par la peur du coup d'État, il s'est gardé de répondre à l'invitation de l'Union africaine d'aller aujourd'hui en Éthiopie. Il préfère continuer à narguer les nations, claquemuré dans le palais de Cocody d'où il actionne une propagande ultranationaliste et dirige ses milices, Jeunes Patriotes, mercenaires angolais et libériens qui le suivent encore.

Hier, Alassane Ouattara s'est envolé pour Addis-Abeba. Pour son premier voyage officiel et sa première sortie de l'hôtel du Golf où il est retranché depuis le 28 novembre, le président élu répond à l'invitation d'une Union africaine qui l'a adoubé dès le début. « ADO » peut conforter sa légitimité internationale, consolider sa stature d'homme d'État face à un Gbagbo qui joue le jeu de la chaise vide.

Mais le doute subsiste. En dépit de sanctions plutôt efficaces, la communauté internationale - Africains en tête - affiche son inertie. Cela n'aide pas le légaliste Ouattara à répondre aux provocations d'un homme qui n'hésitera pas à choisir l'autarcie meurtrière pour rester au pouvoir. 
Et à faire de cet ex-pays de cocagne un autre Zimbabwe

CHRISTOPHE LUCET c.lucet@sudouest.fr

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