vendredi 11 mars 2011

Côte d'Ivoire : le camp Gbagbo refuse tout partage du pouvoir

Les émissaires du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ont rejeté, jeudi 10 mars, une proposition de l'Union africaine (UA) destinée à mettre un terme aux violences et à la crise politique en Côte d'Ivoire. La réunion de l'UA à Addis-Abeba, à laquelle Alassane Ouattara était présent, est considérée par de nombreux observateurs comme celle "de la dernière chance" pour parvenir à un compromis entre les deux rivaux. Les combats ont fait des centaines de morts depuis novembre et environ 450 000 Ivoiriens ont dû fuir les violences.


Pascal Affi N'Guessan, dirigeant du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Gbagbo), a confirmé que la proposition de l'UA se fondait sur une avalisation de la victoire d'Alassane Ouattara, reconnu victorieux par la commission électorale ivoirienne et la communauté internationale. "Nous avons invité (l'UA) à un réexamen de sa position", a-t-il dit à la presse. M. N'Guessan n'a pas donné de précisions sur la proposition de l'UA, mais des sources présentes lors des discussions font état d'un gouvernement d'union avec Ouattara à sa tête.

LE PARTAGE DU POUVOIR REFUSÉ
"Nous n'accepterons jamais une proposition qui prévoit la démission du président Gbagbo, parce qu'il est le dirigeant élu de la Côte d'Ivoire", a déclaré à la presse le ministre des affaires étrangères de M. Gbagbo, Alcide Djédjé, en marge des discussions."Nous voulons simplement que le président Gbagbo soit président, parce qu'il a été élu en vertu des lois du pays. Telle est notre position", a-t-il ajouté.
Quant au partage du pouvoir, Ahoua Don Mello, le porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo, y a opposé une fin de non-recevoir. Interrogé sur les discussions en cours au sommet de l'UA, Ahoua Don Mello a répondu d'Abidjan : "Pour le moment, il s'agit de partage du pouvoir et le principe même est inacceptable." "Le partage du pouvoir gouvernemental, c'est ce qu'on a expérimenté de 2002 à 2010 et cela n'a rien donné", a-t-il ajouté.
LA FORCE, SEUL RECOURS POSSIBLE SELON LE CAMP OUATTARA
Les rebelles des Forces nouvelles, basés dans le nord du pays et qui soutiennent Alassane Ouattara, rival de Laurent Gbagbo, ont aussitôt réagi à cette annonce en déclarant que l'usage de la force était désormais la seule voie possible. "Les Forces nouvelles ont toujours su que Laurent Gbagbo n'accepterait pas de quitter le pouvoir (...) par la voie diplomatique. C'est pourquoi les Forces nouvelles ne voient pas d'autre option que le recours à la force pour le contraindre à partir", a déclaré le porte-parole des Forces nouvelles, Sekonga Felicien.
L'Onuci a poursuivi, jeudi, ses activités dans le pays, ignorant l'interdiction de vol décidée par le camp du président sortant. En réaction, Ahoua Don Mello a par ailleurs menacé la Mission de l'Onu en Côte d'Ivoire (Onuci) et la force française "Licorne" de "sanctions" ."Nous continuerons de mener nos activités au bénéfice du peuple ivoirien", avait déclaré un peu plus tôt dans la journée le porte-parole de l'Onuci, Hamadoun Touré. "L'Onuci a été déployée en Côte d'Ivoire pour aider le peuple ivoirien à retrouver paix et stabilité. Ce mandat est toujours en vigueur et nous l'exécutons avec les moyens mis à notre disposition par le Conseil" de sécurité, a-t-il ajouté. La France avait également récusé, jeudi, comme "nulle et non avenue" la décision du camp Gbagbo d'interdire à sa force "Licorne" de survoler et d'atterrir dans le pays, une résolution de l'ONU garantissant sa "liberté de mouvement".
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 10.03.11 | 20h17

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