dimanche 20 mars 2011

La guere a abidjan s'exporte en France aussi

Crise en Côte d’Ivoire : les Ivoiriens de France ne trouvent plus la paix
Reportage à Paris sur la façon dont ils vivent la situation







L’expression « loin des yeux loin du cœur » ne s’applique pas aux Ivoiriens de l’Hexagone. Bien qu’ils soient à l’abri des violences, qui minent la Côte d’Ivoire depuis trois mois, ils n’en demeurent pas moins préoccupés pour leurs proches restées là-bas.
 
Les discussions sur la crise ivoirienne sont vives à la sortie du métro Château-rouge. « Gbagbo ne partira jamais ! », lance Kamagacé Simali, un agent d’entretien de 60 ans en pleine conversation avec un de ses compatriotes. Ce père de famille partisan d’Alassane Ouattara s’entretient au téléphone jour et nuit avec ses enfants restés en Côte d’Ivoire. « Mes deux enfants de 13 ans et 18 ans sont à Abobo, là où il y a eu le plus de violences. 
La fois dernière, lors des affrontements, les balles sont tombées derrière ma maison. Les enfants m’ont appelé en pleurant parce qu’ils avaient peur. Plus rien ne vas », confie-t-il. « On ne peut rien faire on n’est complètement démunis. La côte d’ivoire appartient à tout le monde pas qu’à une personne.

Donc Laurent Gbagbo, n’a qu’à partir », ajoute t-il. Il n’est pas le seul à avoir vu sa vie chamboulée depuis le début de la crise ivoirienne. Tous sont préoccupés par la détérioration de la situation. Pis, désormais il leur est impossible d’envoyer de l’argent à leurs proches par les organismes de transfert d’argent.

Céline, maman de trois enfants, marche le long de la rue Mercadet-Poissonniers. Soucieuse, elle fait partie de ceux qui vivent dans l’Hexagone mais ont l’esprit ailleurs. « Je pense tout le temps à eux. Ma mère est malade je ne peux même pas lui envoyer de l’argent pour la soigner. 

Je n’arrive plus à manger ni à dormir », se plaint-t-elle. Originaire de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, elle est indifférente à la politique. « Je m’en fous que se soit Gbagbo ou Ouattara le président ! Tout ce que je veux c’est que tout ça s’arrête ! » Lâche-t-elle. « Quand j’en parle, j’ai les larmes aux yeux. Toute ma famille est là-bas. Les enfants ne peuvent plus aller à l’école. Ils m’ont raconté qu’hier encore des assaillants sont rentrés et ont tiré partout ». Voir un membre de sa famille tué est ce qui l’inquiète par-dessus tout. « Quand on meurt on ne revient plus. Pendant que les plus pauvres payent les pots cassés, Gbagbo et Ouattara vivent dans le luxe », dénonce-t-elle.
Des amitiés brisées
Si les partisans de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sont divisés en Côte d’Ivoire, ceux de l’Hexagone n’échappent pas à la règle. Ils sont nombreux à ne plus s’adresser la parole et à en venir aux mains pour défendre leur position politique.
C’est le cas d’Aïssata. Originaire du quartier de Treichville à Abidjan, cette coiffeuse établie à Château d’eau, hausse le ton face à ses collègues pour défendre fièrement sa position. « Je me bagarre tout le temps avec ma compatriote car elle est pour Gbagbo et moi pour Ouattara », lance-t-elle. « Cette histoire me rends malade.

Tout ce que je veux c’est que Gbagbo s’en aille ! Ouattara peut sortir et revenir quand il veut. Mais Gbagbo ne peut plus sortir du pays car il a peur de ne plus pouvoir y revenir. Alors c’est qui le garçon ? » Elle déplore aussi la mort de son ami qui a été tué par une balle perdue. « Chez moi les balles arrivent jusque dans la cuisine. Il n y a pas de voie chez nous, chacun fait comme il veut », ajoute-t-elle.
De même au parc Saint Lambert, rue Vaugirard, les accrochages sont récurrents entre babysitters. « Moi je suis cent pour cent pro-Gbagbo ! Je pourrais même mourir pour lui », crie Marine pour provoquer sa voisine assise à côté d’elle qui est pro-Ouattara. « Depuis cette élection, nous nous intéressons toutes à la politique. Je n’adresse plus la parole à mon oncle car il est pro-Ouattara », ajoute-t-elle. Rose, une autre ivoirienne qui vit en France depuis 12 ans, a vu « ses amis se déchirer alors qu’ils habitaient dans le même immeuble. Aujourd’hui, leurs relations sont détruites. C’est triste », déplore-t-elle.
« Je veux juste la paix »
Pour d’autres, évoquer la situation du pays semble même devenu un véritable tabou. Ils n’osent pas se prononcer de peur des représailles de leurs compatriotes qui seraient du camp opposé au leur. « Moi je ne suis pas dans ces histoires de politiques après ça fait que des problèmes », confie Abou qui gère un magasin de produits exotiques à Barbesse. 
Téning, une jeune ivoirienne d’Abobo, estime qu’elle est « venue avant tout en France pour travailler et aider sa famille restée au pays. Je n’ai pas le temps pour les bagarres à cause de la politique. Nous qui sommes ici en France on souffre encore plus que ceux restées la bas. On prie chaque jour pour eux et pour que tout ça s’arrête. Car nous sommes fatigués que nos frères se tuent entre eux. Je m’en fous de Gbagbo et de Ouattara ! Je veux juste la paix ! » S’écrie-t-elle.
Comme leurs proches en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens de France ne trouvent plus la paix. Tous espèrent pouvoir de nouveau mener une vie normale.
http://www.afrik.com/article22366.html

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